Oct
18
2018

Voyager dans l’espace : le tourisme de demain ?

Dans quelques décennies, l’histoire retiendra de notre époque que si le tourisme spatial a vu le jour, c’est grâce à l’œuvre de trois milliardaires mégalomanes et visionnaires qui ont décidé d’utiliser leurs ressources pour offrir cette opportunité au grand-public. Car même si la porte des étoiles ne sera ouverte dans un premier temps qu’à une infime catégorie de privilégiés (le prix du billet étant extrêmement onéreux), on peut se laisser surprendre à rêver que tôt ou tard l’homme trouvera des moyens de démocratisation du voyage dans l’espace.
Au XXe siècle, l’espace était réservé aux scientifiques et aux gouvernements. Au XXIe siècle, on retiendra que l’espace aura basculé dans le domaine privé grâce à l’initiative de ces quelques riches dirigeants de compagnies internationales.

Les 3 milliardaires de l’espace

L’histoire a débuté en 2001, lorsque Dennis Tito, riche homme d’affaires californien et ancien employé de la Nasa, est devenu le premier touriste de l’espace à bord de la mission Soyouz-32. Le montant de son billet acheté à l’agence spatiale russe s’est élevé à vingt millions de dollars, comportant au préalable un entraînement très strict de plusieurs mois à la Cité des étoiles de Moscou. Le voyage de Soyouz-32 a duré sept jours, intégrant un arrimage à la station spatiale internationale.
Cette expérience a fait des émules, puisque six autres riches touristes de l’espace ont pris leur envol par la suite grâce à la Roscosmos, l’agence russe chargée du domaine spatial civil.
Puis on a repris le principe du vol suborbital, initié en 1961 avec l’astronaute Alan Shepard : un voyage d’une trentaine de minutes à la limite de la Terre et de l’espace, à cent kilomètres d’altitude (appelée ligne Karman). L’avantage d’adapter ce type de vol au tourisme de l’extrême est son faible coût, puisque le prix du billet ne représenterait « que » la bagatelle de 250 000 dollars.
Se sont donc engouffrés dans différents projets trois milliardaires de la technologie :

Richard Branson, fondateur du groupe Virgin

Richard Branson station spaciale

Fondée en 2004, la Virgin Galactic a essuyé quelques revers, notamment en 2014 après la mort d’un pilote et la perte du vaisseau VSS Enterprise. Cela n’a en rien entamé la détermination de Richard Branson de développer le tourisme suborbital. Il a en effet annoncé le 9 octobre dernier qu’il serait, d’ici quelques semaines, prêt à effectuer les premiers vols d’essais, étant même prêt à étrenner lui-même le premier voyage à bord du « VSS Unity ». Le patron de Virgin Galactic a également annoncé qu’il avait son carnet de commandes déjà rempli, puisque plus de 700 personnalités se sont inscrites sur la liste d’attente, dont notamment Katy Perry, Brad Pitt et Ashton Kutcher, pour la somme modeste de 210 000 euros.

Jeff Bezos, fondateur du groupe Amazon

Blue Origin New Glenn

À l’origine du projet « Blue Origin », une utopie visant à « envoyer des millions de gens dans l’espace », puis dans un deuxième temps à « explorer l’espace, et l’exploiter pour sauver la Terre ». Après avoir annoncé en mars 2017 le développement de son lanceur, le « New Glenn », destiné au placement sur orbite de satellites militaires, d’autres projets verront le jour d’ici 2020 : la fusée suborbitale réutilisable « New Shepard » et les moteurs-fusées « BE-3 » et « BE-4 ». La seconde phase, selon Jeff Bezos, verra la création d’usines spatiales construites sur la lune, ainsi que la création d’hôtels abritant les « travailleurs de l’espace ». Le 29 avril 2018, Jeff Bezos a franchi un pas décisif en réussissant à emporter cinq touristes à bord de la fusée New Shepard, validant ainsi le concept de fusée réutilisable capable d’embarquer des touristes dans l’espace.

Elon Musk, cofondateur de Tesla Motors, fondateur de SpaceX

Plus avancé que ses deux concurrents, Elon Musk a su s’imposer comme partenaire privilégié de la Nasa, qui a choisi SpaceX pour ravitailler l’ISS contre un chèque de 1,6 milliards de dollars. Le vol de son véhicule spatial Dragon V2 devrait décoller d’ici fin 2018 et emporter deux voyageurs (dont le nom n’a pas encore été divulgué) en direction de la lune. Ce voyage, dont la longueur de 500 000 à 600 000 kilomètres dans l’espace sera nécessaire pour quitter la Terre, passera près de la Lune avant de revenir en direction de la croûte terrestre.

Les futurs projets prometteurs pour le tourisme spatial

L’hôtel-station spatiale « Aurora »

La société californienne Orion Span, via son fondateur Frank Bunger, a présenté le 5 avril dernier son projet de premier hôtel de luxe en orbite de la Terre. A 320 kilomètres d’altitude, cette station spatiale de 42m² sera en capacité, dès 2022, d’accueillir six personnes (dont deux membres d’équipage) pendant douze jours. Le prix du séjour s’élèvera à 6,8 millions de dollars, en faisant déjà la nuit d’hôtel la plus chère au monde.

Les Voiles Solaires

Développée par le CIT (Institut de Technologie de Californie), la nouvelle technologie Advanced Diffractive MetaFilm Sailcraft (Voilier à méta-film diffractif avancé), permet de déplacer un objet à une vitesse équivalente à 20% de la vitesse de la lumière. Il s’agit d’une structure composée de silice et silicium propulsée par le rayonnement d’un laser à haute puissance depuis la Terre. Cela placerait, selon les chercheurs du CIT, Proxima b (l’exoplanète la plus proche) à « seulement » 20 ans de la Terre.

Conclusion

Force est de constater que nous n’en sommes qu’aux balbutiements du tourisme spatial. Les générations qui suivent adopteront ce concept comme naturel, de la même façon que le vol en avion ou le premier pas sur la Lune se sont imposés à nos aïeux. À nous de poser dès maintenant les jalons qui régiront le code du voyage de masse dans l’espace de manière durable, afin de ne pas détruire l’espace qui est devant nous.

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