Anick-Marie Bouchard : « Même après mon kidnapping, je continue de voyager »

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Ecrivaine, bloggueuse et écologiste Anick-Marie Bouchard est une adepte du voyage alternatif. D’habitude, on la croise le long de la route en train de faire de l’auto-stop. Mais cette fois, on va la voir sur un vélo. La Canadienne, qui n’est pas très sportive comme elle le dit, participe à Suntrip. On peut la retrouver sur son site http://www.suntrotteuse.ca/, son blog http://www.globestoppeuse.com/. Celle qui s’est fait kidnapper en 2008 a aussi écrit la Bible du voyageur.

As-tu peur quand tu pars toute seule ?

J’ai été kidnappée le 24 Février 2008. Heureusement, je suis sortie de cette expérience saine et sauve. Mais forcément, ça m’a marqué. Récemment, j’ai un ami qui est mort alors qu’il faisait de l’auto-stop. Bien sûr que j’ai peur. Mais la peur fait partie du voyage.

Tu vas participer à Suntrip. Quel est le principe ?

35 aventuriers vont partir en vélos solaires et relier la France au Kazakhstan. On doit tous fabriquer un vélo solaire et parcourir la distance qui sépare la Savoie d’Astana au Kazakhstan. En tout, c’est plus de 7 500 km et trois mois de périple.

Comment se déroule ton entrainement ?

Mon vélo n’est pas encore fini. Je travaille donc essentiellement en salle de sport. Puis, dès que mon vélo sera terminé, je monterai dessus et je ferai des tests. En ce moment, j’ai tellement de choses à faire, avec toutes les démarches administratives, que je ne dors plus (rires).

Quelle sera ta journée type ?

Je partirai tôt en matinée. Ainsi, je vais pouvoir profiter des heures fraiches. Puis, je prendrai une pause de 3 ou 4 heures, pour manger et me reposer. Mais c’est vrai, que je ne sais pas combien je peux faire de km par jour, car je n’ai pas en main de vélo final et ne suis pas du tout sportive ! J’estime ma moyenne à 100 km par jour sur tout le trajet.

Tu vas dormir où ?

Je vais alterner entre le couchsurfing, les demandes d’hébergement spontanées. Certains soirs, je vais peut-être dormir dehors.

Combien ce voyage va te coûter ?

Le projet me coûte 18 000 $ en tout. Des partenaires financiers m’aident. Des personnes que je connais m’ont aussi donné un peu d’argent. Le reste, c’est moi qui le paye.

Entre le vélo et l’auto-stop c’est quoi le plus dur ?

C’est toujours plus dur ce que l’on a jamais testé. L’auto-stop, ça fait longtemps que j’en fait. Pour moi, c’est donc plus simple que le vélo, mais tant que c’est écologique, cela me convient.

Peut-on visiter de nombreux pays et être écologiste ? N’y a-t-il pas d’ambiguïté ?

Il n’y a pas qu’un voyage, il y a des voyages. Par exemple, dans la Bible du Grand Voyageur, on propose des techniques plus ou moins écologiques pour se déplacer : marche, vélo sont parmi les plus évident, mais aussi toutes les techniques d’optimisation comme le stop, le voyage en cargo. Il existe des stratégies pour réduire notre impact, et il ne faut pas se mettre la tête dans le sable – le tourisme est une industrie – elle fait vivre des millions de gens, elle transforme le monde – et nous avons un impact, par notre consommation et nos choix.

Tu voyages souvent toute seule, ce n’est pas trop dur ?

Non, j’ai fait une fois un voyage en groupe. ça s’est bien passé, mais ce n’est pas ce que je préfère.

Et après, tu vas faire quoi ?

Je n’ai rien de prévu concrètement. Je devrai quitter le Kazakhstan par avion à cause des restrictions de visa. Je vais sûrement partir en Europe. Sinon, plus personnellement, je vais voir pour la première fois un ami qui m’est très cher. ça fait depuis quelques temps que l’on se parle par Internet. Et je verrai aussi où j’en suis financièrement.

Crédit photo : Photo 1 : Anick-Marie Bouchard et Photo 2 : Catherine Dumont